Dans sa session d'août 1890, le Conseil général du Calvados avait concédé à la Société anonyme des établissement Decauville ainé les deux lignes à voies étroites de Luc-sur-Mer à Dives et d'Isigny à Grandcamp, soit en totalité 43 kilomètres.
Après toutes les enquêtes terminées, le dossier fut renvoyé au Préfet par le Ministre de la guerre, qui l'informait que la voie de 0m 75 ne pouvait plus être autorisée en France et que les chemins de fer à voie étroite devaient être désormais à la largeur de 0m 60 ou de 1 mètre.
La voie de 0m 60 avait été adoptée comme chemin de fer militaire par le Ministère de la guerre (décision ministérielle du 3 juillet 1888) : plus on développera les lignes à voie de 0m 60, plus on faciltera à l'artillerie la mobilisation des locomotives en cas de guerre.
Le Conseil général, dans sa session d'avril 1891, adopta la voie de 0m 60 et donna à la Société Decauville ainé, l'autorisation de commencer immédiatement la section de chemin de fer comprise entre Luc-sur-Mer et Ouistreham.
Le 22 août 1891, M. le Préfet du Calvados accompagné de M. Paul Banaston, président du Conseil général, de plusieurs Conseillers généraux, des ingénieurs des ponts et chaussée et des mines, se rendirent à Luc-sur-Mer, pour procéder à l'examen du tramway à vapeur concédé à la Société Decauville, et qui devait servir de type au réseau du Calvados.
Un point qui intéressait vivement le membres du Conseil général, était le transport du bétail : démonstration fut faite que l'embarquement de vaches était bien plus aisée que sur le matériel des grandes compagnies, le plancher des wagons n'étant situé qu'à 0m 15 au-dessus du rail.
Pour l'essai, outre le bétail, 8 tonnes de pierre ou de fer furent chargées sur les plates-formes des extrémités, sans aucun problème.
Grâce à l'activité de la Société Decauville, la section de Luc à Ouistreham, commencée dans le courant de juin 1891, fut ouverte dans les premiers jours de juillet de la même année.